Naissance de la pomologie |
|
Lorsqu'on veut connaître la signification d'un mot, il faut aller voir chez les grecs ou les latins, la plupart du temps. En latin, pomum signifie fruit (à noyaux ou à pépins) ou parfois arbre fruitier. La pomologie est donc bien l'étude de toutes les espèces et variétés fruitières. Alors, remontons au-delà de cette période de l'antiquité où les mots se sont forgés. Dans le récit de la chute (La Bible, Genèse 3), il est bien question d'un arbre, du fruit mangé par Eve et partagé avec Adam, mais pas de pomme ! Cela ne nous empêchera pas d'imaginer un scénario illustrant les premiers pas du pomologue . La découverte. L'observation et la curiosité. Comment les reconnaissait-il ? |
Bien sûr, il savait sur quel arbre il avait fait la cueillette, mais, surtout c'est en les manipulant longuement, en les goûtant, en les respirant et enfin en les triant qu'il parvenait à les distinguer les uns des autres. Eve avait repéré l'apparition des fleurs sur les arbres peu après les premiers jours du retour du soleil. Les plus précoces étaient très blanches qui donnaient des fruits secs (les amandiers), puis venaient des roses pâles, des roses plus soutenues, etc., toutes plus ou moins éphémères. Les boutons s'ouvraient, les pétales tombaient, puis, peu à peu, dans chaque fleur se formait un minuscule petit fruit. Elle observa que le développement de ces fruits était très irrégulier. Le froid, les insectes, l'abondance, l'arbre qui vieillissait étaient autant de facteurs susceptibles de gêner la croissance. Elle observa plus tard que le fruit tombé à terre libérait en pourrissant tantôt un pépin, tantôt un noyau qui au printemps suivant germerait, comme les glands qu'elle avait vus dans la forêt. Et c'est ainsi qu'un nouvel arbre verrait le jour. Elle observa que ce jeune arbre ne donnait pas les mêmes fruits, un pommier donnait des pommes, un poirier des poires, mais la ressemblance s'arrêtait là. Elle fit donc la relation entre le cycle de la vie des arbres et son ventre qui devenait rond, ses enfants qui naissaient, grandissaient et qui avaient tantôt la couleur des yeux de leur père, de leur grand-mère, ou de tout autre ascendant. Le langage Adam avait acquis une sérieuse réputation dans le domaine. Aussi lui apportait-on régulièrement des fruits pour les identifier, leur donner un nom et aussi préciser un usage. La plupart du temps, il reconnaissait rapidement le fruit, lorsque celui-ci avait été cueilli sur son terrain de chasse, mais, lorsque ce n'était pas le cas, il n'était pas sûr. La plupart étaient des fruits sauvages ou insipides, mais dont les fleurs avaient l'avantage de nourrir les abeilles ! Bien sûr, toute cette diversité était utile ! Pour ceux qui lui paraissaient intéressants, il tâtait, sentait, goûtait, s'assurait auprès du demandeur de la période de floraison et de cueillette, de la forme de l'arbre. Il trouvait quelques fois une ressemblance avec l'un des fruits qu'il avait déjà rencontrés. Devait-il dire : « C'est une Jean Colin », ou bien « Ca ressemble à une Jean Colin » ou enfin « Je ne sais pas » ? D'ailleurs, pour lui-même, qu'est-ce que cela importait ? La seule Jean Colin qu'il aimait était celle qu'il cueillait au fond du Jardin. |
Michel BONFANTE
Mais, au fait, pourquoi y a-t-il autant de variétés ? C'est ce que nous verrons dans le prochain paragraphe.